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Conférence de presse du Député Issam Fares
08 May 2005
Alors que le cours des choses va, malheureusement, dans la direction contraire à l’intérêt du pays,
Alors que les envies, les égoïsmes et les objectifs personnels priment toujours nos performances politiques,
A l’heure où le confessionnalisme et le communautarisme s’exacerbent, ne présageant rien de bon,
A l’heure où cette escalade menace la stabilité et l’unité du pays et l’expose à la division,
Etant donné le niveau de décadence et de déchéance qu’a atteint la vie politique au Liban
Etant donné le climat de mensonge, de duperie, d’hypocrisie et de duplicité dans les paroles, les prises de position et les actes,
Et après révision approfondie de la situation actuelle,
Je souhaite à travers vous , membres de la presse qui représentez le peuple, et qui témoignez de ses craintes , ses problèmes et ses aspirations, annoncer à l’opinion publique les données suivantes ;

j’apprécie votre présence et vous remercie de la confiance de la compréhension et de l’empathie que vous m’avez montré lors de mes fonctions de député et de ministre.
Lorsque j’ai décidé de me mêler à la vie nationale et d’embrasser une carrière politique, je me suis fixé les objectifs suivants:

Participer en tant que député, à la surveillance du pouvoir exécutif et essayer du mieux que je pouvais, de répondre aux besoins de développement de ma région qui était oubliée et ce à tous les niveaux et dans tous les domaines.
En tant que Vice Président du Conseil des Ministres, j’ai tenté de m’opposer aux abus, aux infractions, à la dépravation et à la dilapidation de l’argent public et ce, bien que ce poste soit jusqu’ à présent, dépourvu de toutes attributions judiciaires et pratiques, de bureau et de budget venant de la trésorerie de l’état. J’en ai fait un poste actif, que ce soit à travers l’accomplissement des travaux des commissions ministérielles ou à travers la préparation d’études techniques ou législatives pour chaque clause de l’agenda du conseil des ministres. J’ai de même contribué à trouver des solutions efficaces aux crises économiques, financières, sociales et administratives dont souffre le pays et ce grâce à l’aide d’une équipe formée d’experts et sans faire porter de fardeau de trésorerie à l’Etat.

J’ai également essayé de faire profiter le Liban, avec tous les moyens dont je dispose, des relations que j’ai tissées avec nombre de dirigeants dans le monde.
Ceci s’est réalisé, car je m’étais fait le serment que mes performances de député et de ministre obéiraient au slogan :
« Donner à mon pays et ne jamais prendre de lui ».

Tels étaient les objectifs et les buts que je m’étais fixés et ce, bien entendu dans le cadre des situations difficiles et critiques que nous avons traversées et qui ne permettaient pas de réaliser toutes les aspirations, les ambitions et les besoins.
Jusqu’ à arriver aux évènements auxquels nous avons assisté récemment et plus particulièrement lors de l’assassinat du Président Rafic Hariri, et à ce qu’il a engendré comme tristesse désespoir , comme reniements et répercussions.

Il y eut ensuite le retrait des troupes et des services de renseignement Syriens du Liban.
Nous avons ensuite pensé que nous allions en tirer des leçons,
Que la plupart des situations prendraient un tour différent,
Que le rassemblement de milliers de citoyens, et notamment de la jeunesse, sous un même drapeau, le drapeau libanais ,sur les places de Beyrouth dans la plus grande manifestation d’union nationale, qui demandait d’une seule et même voix le changement et prônait la réforme, serait pris en compte
Et que le temps du passage d’une situation à l’autre était révolu.

Or, nous voici toujours au même point ou peut-être devrais je même dire que nous assistons à un retour en arrière à une régression :la haine confessionnelle et communautaire s’exacerbe, les égoïsmes, le népotisme et la distribution des parts n’ont pas changé, c’est une situation où l’on est divisé et perdu, et où la majorité des hommes politiques ne perçoivent la situation que par le biais de leurs intérêts personnels comme si la guerre et ce qu’elle avait engendré comme martyrs, victimes et handicapés par milliers, ne nous avait rien appris.
L’apogée de ce à quoi nous assistons est « la comédie de la loi de l’an 2000 ».
Est -ce le Liban auquel nous aspirons ?
Le Liban que je souhaite est un Liban qui suivra le progrès, un Liban fort, rétabli, prospère
Le Liban des institutions actives,
Le Liban de la justice et de l’équité,
Le Liban de l’équilibre et de la modération
Un Liban uni dans la parole et dans les actes, la divergence d’opinion ne doit pas obscurcir la vision,
Et les Libanais sont frères et non seulement partenaires dans le pays,
Le partenariat est exposé à la division et à la liquidation, alors que les liens fraternels ne peuvent être rompus.
Aucune tutelle, aucune pression de la part de ceux qui souhaiteraient le retour d’une tutelle étrangère ou d’une partie de la classe politique avachie ne peut être exercée sur les libanais.
Le seul espoir réside en de nouveaux dirigeants, en un nouveau Liban qui se se soulève contre ces comédies, ces jeux, ces partages, ces transactions et ce népotisme.

C’est ce que je dis aux jeunes de mon pays.
Quant aux habitants du Akkar, je leur dis que je resterais parmi eux mais que je refuse que cette région demeure un champ d’expériences. Après avoir parcouru ensemble un long chemin, et après que le Akkar fut devenu une Mohafazat, certains veulent le faire régresser et l’utiliser comme rempart contre des minorités ici et là croyant qu’il est possible d’exacerber les sentiments et les instincts en faveur d’objectifs et de desseins, on ne peut plus éloignés des intérêts du Akkar et de l’avenir de ses fils.
Pour tout ce que j’ai dis, j’ai décidé de m’excuser auprès de tous ceux qui m’aiment, et ils sont nombreux, Dieu merci, car ils font partie du groupe des « honnêtes gens », et de ne plus me présenter aux prochaines élections législatives.

Je remercie ma famille ainsi que les habitants du Akkar et du Nord qui m’ont soutenu, respecté, aimé, et qui m’ont été fidèles.
Je remercie également mes frères dans tous le Liban qui m’ont fait confiance et je leur fais le serment de continuer à les servir à travers mon action nationale et les institutions humanitaires et de développement que je gère.
Que Dieu garde le Liban
Issam Farès