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Conference de Carter dans la salle Issam Fares à l'AUB
12 Dec 2008
L’ancien président des États-Unis, Jimmy Carter, espère que Barack Obama se chargera du processus de paix israélo-arabe dès le début de son mandat.

Trente ans sont passés depuis la signature des accords de paix israélo-égyptiens de Camp David, dont Jimmy Carter était le principal instigateur. Depuis, le processus de paix au Proche-Orient n’a que très peu avancé. Le 39e président des États-Unis, au dernier jour de sa visite au Liban, est revenu sur ce dossier « crucial » dans une conférence intitulée « 30 years after Camp David : A memo to the Arab World, Israel and the Quartet » à l’invitation de l’Institut Issam Farès et de l’Université américaine à Beyrouth (AUB).

« Lorsque j’ai pris mes fonctions à la Maison-Blanche en 1977, la situation au Moyen-Orient était très instable, relate Jimmy Carter. La région avait connu quatre guerres depuis 1948 (la création de l’État hébreu). » Le prix Nobel de la paix rappelle qu’il avait entrepris dès le premier mois de son mandat des contacts avec les différents dirigeants arabes et israéliens afin de faire avancer le processus de paix. « La tâche n’était pas facile », avoue-t-il.
En effet, du côté arabe, la Syrie et la Jordanie n’étaient pas prêtes pour des négociations avec l’État hébreu, et Menahem Begin, un sioniste convaincu, venait d’être élu Premier ministre d’Israël. « J’étais très affligé par cette élection, connaissant le passé militant de Begin, affirme M. Carter. Mais l’accord de paix israélo-égyptien (signé par Begin et Anwar es-Sadate) a pu voir le jour, au terme de négociations très ardues. » « Je suis convaincu, même aujourd’hui, que le président des États-Unis peut considérablement influencer les dirigeants israéliens », assure M. Carter, tout en affirmant que le seul moyen pour parvenir à la stabilité dans la région est à travers une paix globale et juste.

« La balle est dans le camp israélien », insiste-t-il, tout en rappelant que l’ONU, les États-Unis, le quartette, ainsi que la Ligue arabe demandent unanimement de l’État hébreu le retrait des territoires palestiniens occupés, le placement de Jérusalem sous statut international et l’accord au droit de retour pour les réfugiés palestiniens. «

Depuis Camp David, les droits des Palestiniens sont toujours bafoués et Israël continue d’ignorer les résolutions internationales », poursuit l’ancien président, tout en dénonçant la construction par Israël du « mur » tout au long de sa frontière avec la Cisjordanie, le qualifiant d’un « crime international ».

« Reste à savoir quelle sera la position du président élu Barack Obama », ajoute-t-il. Le prix Nobel de la paix affirme toutefois que M. Obama lui a assuré qu’il se chargera du dossier israélo-palestinien dès le début de son mandat et non pas à la fin, en faisant référence à George W. Bush qui a organisé la conférence d’Annapolis en 2007.

« Il faudra à Obama beaucoup de courage politique, et je ne doute pas qu’il en a. Les Américains sont les seuls à pouvoir faire avancer la paix au Proche-Orient », a insisté M. Carter. « La paix est non seulement nécessaire pour la stabilité de la région, mais pour le monde entier », a-t-il enfin conclu