L’Université Américaine de Beyrouth (AUB) a distribué hier un résumé de la conférence tenue par l’ancien diplomate algérien Al Akhdar Al Ibrahimi, sur une invitation de l’Institut Issam Fares pour la Politique Publique et les Affaires Internationales à l’AUB, dans le cadre de la série de conférences Bill and Sally Hambrecht Distinguished PeaceMakers Lectures, concernant l’instauration et le maintien de la paix.
Tout d’abord, le Directeur de l’Institut, M. Ramy Khoury, a présenté le conférencier. Al Ibrahimi était ambassadeur et Ministre des Affaires Etrangères. Il n’est plus au service du gouvernement depuis 1993 et a exercé, depuis, une nouvelle profession, comme diplomate international et médiateur des Nations Unies jusqu’en 2005. Il est également membre du Elders Group, créé en 2007, sur une initiative de Nelson Mandela, qui comprend également des chefs d’Etat distingués et des figures de renom.
M. Ramy Khoury a également rappelé qu’Al Akhdar Al Ibrahimi avait soutenu les efforts de la Ligue des Etats Arabe afin de mettre un terme à la guerre qui avait sévi au Liban, à travers l’Accord de Taëf. Al Ibrahimi a travaillé en tant qu’Envoyé du Secrétaire Général des NU et négociateur en Afghanistan, en Afrique du Sud et en Irak, où il a supervisé les principaux changements qui ont eu lieu dans ces pays. Il a été également à la tête d’une commission indépendante formée par le Secrétaire Général des NU Kofi Annan afin de revoir les opérations internationales pour le maintien de la paix et rédiger un rapport exhaustif. Le Sommet du Millénaire a adopté ledit rapport en septembre 2000 et l’a nommé le rapport d’Al Ibrahimi.
Au début de son intervention, le conférencier a évoqué l’histoire des opérations des Nations Unies pour le maintien de la paix, faisant la lumière sur le fait qu’il est plus utile d’apprendre des erreurs que de se vanter des victoires. Il a souligné que 50% des situations de paix instaurée par les Nations Unies se sont effondrées après un certain moment. Il a fait mention ensuite la catastrophe qui a touché Haïti, où 150 individus du personnel des NU ont péri.
Il a également mentionné l’Afghanistan où la situation sur le terrain est en perpétuel changement, sous-estimant la force des êtres humains et celle de l’ennemi. Il a souligné aussi, à cet égard, que les Nations Unies sont tenues d’utiliser leurs ressources d’une manière plus efficace et que les 130 milliards de dollars américains dépensés par les pays riches dans les opérations pour le maintien de la paix en constituent une contribution décente. Toutefois, les pays en développement n’y contribuent pas d’une manière proportionnelle, à leurs côtés. Il a fait mention, dans ce cadre-là, du rapport d’Oxfam, considérant que 40% des fonds d’aide à l’Afghanistan revenaient aux pays donateurs sous la forme de rémunérations et de salaires payés à des consultants alors que la partie qui reste n’a profité qu’à une infime partie de la population afghane à qui l’assistance est allouée. Il a également souligné que le mauvais timing et l’ingérence exagérée étaient néfastes, plus qu’utiles.
Malgré les critiques contre les Nations Unies, Al Akhdar Al Ibrahimi a dit que l’organisation était irremplaçable, enregistrant les meilleurs résultats dans le cadre des opérations pour le maintien de la paix, parmi toutes les organisations. Toutefois, avec les Nations Unies qui perdent de leur crédibilité au Moyen-Orient, à l’exception de l’UNRWA, il est urgent que les gouvernements régionaux soient de plus en plus impliqués.
Il est à noter qu’Al Ibrahimi a visité l’Université Américaine de Beyrouth en juin 2003, alors qu’il faisait partie de la première vague de personnalités distinguées à obtenir un doctorat honoraire. A l’époque, l’Université avait restauré ce système, après une suspension qui avait duré pendant trois décennies.
Il est à signaler aussi que la conférence d’Al Akhdar Al Ibrahimi est la 9ème conférence dans le cadre de la série de conférences Bill and Sally Hambrecht Lectures for Distinguished Peacemakers, offerte par le membre du Conseil d’Administration de l’Université Américaine de Beyrouth (AUB), Bill Hambrecht, et son épouse, Sally. Ces derniers espèrent que le savoir et les connaissances des personnes distinguées en charge du rétablissement de la paix seront utile à ceux qui suivront leur exemple afin de régler les conflits, enraciner la paix, promouvoir la prospérité économique, ainsi qu’ancrer et disséminer le message de l’Université et de l’Institut Issam Fares à l’Université, réduisant ainsi l’écart entre les gens de par le monde.