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Miller en conférence au Centre Issam Fares pour le Liban : Le Liban en danger, mais pas d’été chaud
30 Apr 2010

An-Nahar – 30 avril 2010


Dr. Aaron Miller, l’ancien expert américain au Département américain des Affaires Etrangères et chercheur à l’Institut International Woodroo Wilson, a affirmé que « le Liban demeurait en danger en raison de quatre facteurs : l’initiative d’Obama pour instaurer la paix au Moyen Orient, le dossier nucléaire iranien, le conflit israélo-arabe et le tribunal international. »


Il a estimé que « le Liban était le pays le plus vulnérable dans le cadre du conflit israélo-arabe et que le refus de l’initiative d’Obama par les forces israéliennes et les forces régionales d’opposition engendrerait des répercussions négatives à l’égard du Liban. » Il a ajouté que « le conflit régional exposerait toujours le Liban à des dangers continus, soit par les tentatives de paix soit par l’échec de telles confrontations. » Il a également souligné que « le conflit américain et occidental avec l’Iran et la confrontation entre ces deux parties se répercutaient sur le Liban aussi ». Il a refusé de se prononcer sur les répercussions du dossier du tribunal international pour l’assassinat du Président Hariri. Il a dit, à cet égard : « Tous ces facteurs peuvent interagir et aboutir à une confrontation à l’avenir ».


Il a toutefois estimé que le Liban était à l’abri d’un été chaud, malgré les tensions régionales, et ce « en raison de différents facteurs, dont le plus important le sérieux conflit actuellement entre les Etats-Unis et Israël et les efforts que les Etats-Unis déploient afin de régler le dossier nucléaire iranien, que ce soit par les efforts diplomatiques ou par les sanctions. Dans les deux cas, le gouvernement de Benjamin Netanyahu ne peut pas mettre Washington et la communauté internationale en colère. »


Miller a ajouté, pour sa part, qu’ « Israël ne voulait pas à ouvrir un front avec le Hezbollah », signalant que « le gouvernement israélien ne souhaitait pas la destruction de son peuple, au vu de la capacité du Hezbollah à bombarder les régions israéliennes de missiles. » Il a dit : «Seul le Liban comprend le prix de la paix avec Israël, car c’est un prix qu’il a déjà payé en temps de guerre et en temps de paix, alors qu’Israël, la Syrie et les Palestiniens ne peuvent pas comprendre l’étendue du prix requis pour parvenir à la paix. » Il a toutefois signalé qu’ «une paix entre la Syrie et Israël aurait un impact positif sur la situation au Liban et maintiendrait le Liban loin des répercussions des affrontements régionaux et « que la nature unique du régime politique au Liban permettait l’émergence de milices », appelant à « des solutions flexibles au sein des blocs politiques. »


Miller a pris la parole dans le cadre d’une conférence organisée par le Centre Issam Fares pour le Liban et intitulée « Approche du processus de paix au Moyen Orient : la vision futuriste d’un ancien négociateur américain », en la présence de l’ambassadeur de Malaisie au Liban Ilango Karuppannan, d’une délégation américaine et d’autres personnalités concernées.


Quant au conflit entre Israël et l’administration américaine, Miller a assuré que « des conflits émergeaient toujours entre Washington et Tel Aviv, mais la manière de laquelle le Président Obama traitait avec le gouvernement israélien actuel était sans précédent », estimant que parmi les raisons pour lesquelles le conflit est monté d’un cran, Israël estimait que les Etats-Unis oeuvraient en faveur de changements politiques internes. »


Miller a recommendé aux Arabes de « ne pas se tromper et de s’estimer capables de creuser le fossé entre Israël et les Etats-Unis, le conflit actuel entre les deux Etats portant sur de simples questions, à comparer avec la profondeur des liens qu’ils partagent. »


Il a insisté que Washington s’était engagé à assurer la sécurité d’Israël, estimant « que ces deux Etats partageaient des valeurs libérales et démocratiques alors que les Arabes ne bénéficiaient pas de telles valeurs communes avec les Etats-Unis et le lobby efficace qui s’y trouvait. »