PrintEmail This Page
Le Centre Issam Fares pour le Liban organise deux séances de travail sur le rôle des chrétiens d’Orient
29 Sep 2010
Annahar – Le 29 septembre 2010

Le Centre Issam Fares pour le Liban demeure engagé dans la recherche sur les chrétiens et leurs problèmes. Cependant, le centre d’intérêt du Centre s’est élargi pour englober les chrétiens d’Orient qui vivent dans des conditions difficiles.

Le Centre a assuré le suivi de la Conférence intitulée « Revitalisation du rôle des chrétiens d’Orient » à travers la tenue de deux séances de travail à son siège à Sin El Fil. La première séance était intitulée « Orientations des autorités officielles » vis-à-vis de la revitalisation du rôle des chrétiens, alors que la deuxième séance s’est tenue sous le titre : « Orientations des autorités religieuses musulmanes ».

La première séance fut présidée par M. Habib Efrem qui a discuté des systèmes existants en Orient et de leur relation avec le droit des minorités. Ensuite, l’ancien ministre, S. E.M. Ibrahim Chamseddine, a entamé son intervention par la lecture d’un texte des « commandements » de son père, feu Cheikh Mohammed Chamseddin, reflétant la position claire de l’Islam vis-à-vis de la nécessité d’assurer la continuité de la présence des chrétiens en Orient et de l’efficacité de cette présence. M. Chamseddine a également souligné, dans son intervention, que « le rôle permanent et certain que doivent assumer les chrétiens est le rôle de citoyenneté. Ils doivent ainsi prendre en charge leur pays et ses problèmes tout comme les autres libanais. Les chrétiens ne constituent pas une minorité et ne doivent point être traités ainsi. Il est de même inacceptable qu’ils se considèrent comme une minorité et qu’ils se comportent et agissent sur cette base ».

L’ambassadeur Fouad El-Turk a souligné, dans son discours, « le rejet de la liberté de la foi,
l’accroissement des mouvements intégristes et les mouvements salafistes qui s’imposent dans certains systèmes ».

Le Secrétaire général du Comité National Islamo-Chrétien pour le Dialogue, M. Mohammed
Al-Sammak, a considéré que « certains pays de l’Orient souffrent de la croissance des mouvements extrémistes et que certaines autorités tentent de contenir et d’apaiser ces mouvements, même si ceci exige parfois d’abuser de certains droits des chrétiens. » Al-Sammak a appelé à « la sensibilisation de l’opinion publique au sein de la communauté musulmane, y compris les mouvements extrémistes, au fait que l’immigration des chrétiens de l’Orient ne constitue pas uniquement une perte pour les chrétiens eux-mêmes ni pour les sociétés de l’Est, mais contribue de même à fournir une image négative, déformée et mauvaise de l’Islam. »

Le chercheur égyptien, Samir Morcos, membre du Groupe arabe musulman chrétien, a décrit la situation des coptes en Egypte, leur relation avec les musulmans et le développement de cette relation conformément au système politique en vigueur.

La deuxième séance
La deuxième séance a traité des « Orientations des autorités religieuses musulmanes » et a été présidée par l’ancien Directeur général du Ministère de l’Information, M. Mohammed Obeid. L’ancien ministre, S. E. M. Roger Deeb, a pour sa part, considéré que « les musulmans sont appelés à accepter le pluralisme et à œuvrer pour le préserver et en bénéficier, ainsi qu’à se convaincre que l’unilatéralité engendre la dictature, que ce soit au nom du nationalisme, de la religion ou de la confession ».

M. Deeb a souligné la « nécessité de préserver la présidence de la République libanaise en tant que symbole de la présence des chrétiens dans le Monde arabe et d’assurer le confort psychologique des chrétiens libanais à travers l’instauration définitive du principe du partage égal ».

Le juge Abbas Al-Halabi a considéré, dans son discours, que « la présence des chrétiens et sa continuité de manière efficace relèvent de la responsabilité des musulmans », appelant les « autorités chrétiennes et musulmanes à adopter les principes du dialogue fraternel comme unique base pour régler leurs différends » et « les autorités religieuses musulmanes à disséminer et à faire connaître les constantes religieuses sur lesquelles se sont basées les relations islamo-chrétiennes depuis l’ère du Prophète, car ce que dont nous témoignons actuellement dans certains Etats arabes est en contradiction avec ces constantes, et ceci est dû à soit l’ignorance soit au mépris de ces constantes. »

M. Ghaleb Bou Zeid, membre du Conseil politique du Hezbollah, a affirmé, quant à lui, que la présence des chrétiens dans la région arabe est une présence authentique et qu’il est, par conséquent, inutile de parler de minorités et de majorités. De même, il ne faut interroger aucune entité sur sa position vis-à-vis de la présence des chrétiens et des limites de leur rôle. Les chrétiens sont partie intégrante de la société arabe. » M. Bou Zeid a de même souligné que « le silence du Vatican face à ce qui se passe à Bethléem et à Jérusalem et sa timide condamnation et dénonciation des actes commis dans ces deux villes tels les pays qui soutiennent la présence d’Israël, font que la dynamique requise pour le Vatican soit pratiquement inexistante et que l’on s’interroge sur le fruit réel de son rôle », appelant à « renforcer les positions et les visions et à œuvrer dans le but de mettre en place des approches efficaces qui changeraient la méthode en cours en faveur des chrétiens d’Orient ».

Nabil Abdel Fattah a, pour sa part, fait la distinction, dans son discours traitant de la position des autorités religieuses musulmanes, notamment en Egypte, « entre les membres du clergé officiel qui sont des fonctionnaires , tel El-Azhar, et les membres du clergé indépendant et les militants islamistes ». Il a ainsi attiré l’attention sur le fait que « les membres du clergé officiel assument, la plupart du temps, le rôle de « pompiers » qui se limite à la courtoisie et à la littérature légère qui tourne autour de la jurisprudence sunnite traditionnelle et autour du fait qu’ils ont les mêmes obligations et les mêmes droits que nous. Cependant, un nombre de textes écrits par les membres du clergé indépendant est allé jusqu’à la reproduction des positions doctrinales vis-à-vis des gens du Livre, tandis que d’autres textes ont adopté le terme « citoyenneté », sachant que cette notion ne se réfère pas à la nouvelle notion de citoyenneté, notamment dans le cadre de la confusion existante entre la notion du nouvel Etat nationaliste et la notion de l’Etat civil.»