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Au cours de son intervention au Centre Issam Fares, l’ambassadeur palestinien déclare : Toutes les qualifications d’implantation sont réfutées
08 Sep 2010
Au cours de son intervention au Centre Issam Fares, l’ambassadeur palestinien déclare : ‘Toutes les qualifications d’implantation sont réfutées ; L’attaque menée contre le Président du Conseil des Ministres qui s’est félicité des pourparlers me surprend’

As Safir- Gracia Bitar
8 Septembre 2010

Il est incontestable que l’écho des pourparlers qui se tiennent à Washington se fait entendre au Liban. Cependant, l’ambassadeur de l’Etat « en sursis », S.E. M. Abdullah Abdullah n’a pas trouver un adjectif plus précis que « inexacte » pour qualifier l’expression « l’épouvantail de l’implantation des palestiniens ». Cette description est tellement inadéquate qu’elle ne peut être prononcée, selon l’ambassadeur palestinien qui a déclaré au journal As-Safir, en marge de l’intervention qu’il a eue au Centre Issam Farés, sous le titre « Les pourparlers de paix à Washington du point de vue palestinien » que: « toutes ces descriptions sont réfutées».

Et d’ajouter : « Nous sommes prêts à faire de sorte que tout palestinien qui quitte le Liban signe un papier certifiant qu’il ne prendra pas avec lui sa maison ni son travail ». Si l’Autorité palestinienne souhaite poursuivre ces pourparlers en se basant sur le fait que « si on ne peut pas avoir tous nos droits d’un seul coup, œuvrons alors à les obtenir partiellement », ceci veut dire que l’un des points sur l’ordre du jour des pourparlers se rapporte à la question des réfugiés. « Ne jugez pas notre travail avant d’en voir le résultat», dit-il. Que les pourparlers réussissent ou pas, ils auront certainement des répercussions sur le Liban, selon le Directeur du Centre, l’ambassadeur Abdullah Bou Habib.

Les deux ambassadeurs se sont installés dans une salle non remplie, contrairement à l’habitude courante au Centre ; une salle qui parut « abandonnée » telle la cause palestinienne. M. Abdullah a déclaré : « Nous avons la conscience tranquille. La première épreuve à surmonter serait le 26 septembre. Les pourparlers s’arrêteront si Israël insiste pour poursuivre la colonisation».

M. Abdullah a enfin résumé sa défense des pourparlers à l’aide de l’expression suivante :
« Ils cherchent la petite bête».

Après la présentation faite par l’ambassadeur Bou Habib, l’ambassadeur palestinien a traité les pourparlers du point de vue palestinien et du point de vue libanais. Au niveau palestinien, il existe deux avis : le premier considère les pourparlers insensés puisqu’ils ont déjà été testés et n’ont abouti à rien. Il est, par conséquent, inutile d’entamer un neuvième round de pourparlers. Tandis que le deuxième avis - que Abdullah soutient apparemment- considère que tous les rounds de pourparlers n’ont pas été insensés puisque « nous avons participé au Sommet de Camp David qui a abouti aux Accords d’Oslo qui ont, à leur tour, permis une existence physique palestinienne acceptée et reconnue sur le territoire palestinien ». Evoquant l’année 1948 qui marqua la naissance de l’Etat d’Israël et empruntant la citation suivante de Golda Meir : « Où est le peuple palestinien ? Je ne le vois pas », l’Ambassadeur a affirmé que les Accords d’Oslo ont mis fin à cet argument et ont « introduit à la pensée sioniste l’idée d’accepter les autres, ce qui a abouti à renverser Yitzhak Rabin, inventeur du terme « le Grand Israël » ». De plus, l’ambassadeur a fait allusion au « manque de popularité d’Yitzhak Rabin parmi les juifs »:

« Il ne veille pas. C’est un militaire au visage grincheux… ». Ainsi, quand on avait demandé à Rabin « comment est-ce que la communauté juive a-t-elle-renoncé à la promesse divine », il a répondu renversant l’ordre des termes de l’équation : « Si 100 mille Israéliens et 400 Palestiniens vivaient à Hébron, comment imagineriez-vous l’avenir des Palestiniens ? »

Et lorsqu’on lui a demandé: « Comment acceptez-vous les pourparlers ? », Rabin de répondre : « Nous avons trois options que sont les suivantes: soit on annexe les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza à Israël, ce qui aboutit à l’élimination de l’Etat juif, soit on les annexe et on les « embête » tel ce qui s’est passé en Afrique du Sud, soit on les éloigne de nous et on leur donne ce lopin de terre. » A cet effet, Abdullah a demandé : « L’établissement de l’Etat de Palestine est-il devenu inévitable au niveau de la conviction israélienne? » et a espéré pouvoir avoir la réponse à cette question à l’issue des pourparlers.

En effet, la conduite des pourparlers est dans l’intérêt de trois parties: 1) l’administration américaine qui est dans une situation critique en Irak, en Afghanistan et au Pakistan et qui se prépare pour les élections, doit faire des réalisations qu’elle pourrait investir dans ces élections ; 2) Israël est, à son tour, dans un état d’isolement « et son Président déclare qu’il fait face à une sorte de scepticisme quant à l’identité d’Israël en raison du rapport Goldstone et de l’assaut contre « la flotille de la liberté » » ; 3) les palestiniens se divisent, de leur côté, en deux clans : le premier clan qui considère que l’objectif n’a pas été atteint et que ce ne sont que des pas vers l’atteinte de cet objectif qui ont été faits, face à un nombre de groupes armés qui n’ont fourni aucune solution alternative visant à soutenir la cause palestinienne et qui sont à l’origine des fausses accusations de renonciation aux droits». M. Abdullah n’a pas exclu l’existence d’une cinquième colonne derrière cette opinion « qui gâche tout avant même de commencer ».

Le président iranien et le président syrien ont eu leur part dans le discours d’Abdullah. Tous les deux se sont arrêtés sur l’absence du Hamas aux pourparlers et « nous respectons cette opinion et ne considérons pas qu’elle s’oppose aux pourparlers en tant que principe puisqu’elle ne constitue qu’un simple point de vue. Les pourparlers relèvent de la responsabilité de l’OLP. » Soulignant l’intérêt des palestiniens à négocier « tant que nos droits ne sont toujours pas respectés », Abdullah a accordé peu d’importance au discours de Lieberman qu’il a considéré comme « un simple point de vue » et a exprimé sa surprise quant à l’attaque menée contre le Président du Conseil des Ministres, M. Saad Hariri qui s’est félicité des pourparlers, décrivant sa position de « neutre ». Et d’ajouter : « Le Liban doit être le pays le plus concerné par ces pourparlers, puisqu’en plus de sa partie occupée, il abrite 400 mille palestiniens. Alors, ne souhaiteriez-vous pas que ces derniers rentrent chez eux ? »