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Michel Eddé au centre Issam Farés pour le Liban: le système de la majorité n’est pas démocratique dans une société hétérogène
23 Dec 2010

L’ancien ministre Michel Eddé a prononcé un discours lors d’un séminaire organisé par le “centre Issam Farés pour le Liban” sous le titre: “en défense de la formule Libanaise”.


Eddé a déclaré que “le troisième millénaire témoigne d’une croissance du rôle de la religion musulmane partout dans le monde, et en particulier sur le plan démographique. Cela pose un problème puisqu’on ne peut pas atteindre une formule sociale qui assure une vie commune pour les musulmans et les non-musulmans, notamment parce que l’islam est en même temps une religion et un état incompatible avec la laïcité”.


Il a ajouté que “le Liban avec son ancien système de vie commune représentant tous les sectes religieux et respectant les droits des minorités est un excellent exemple”. Il a demandé “une révision approfondie de nos caractéristiques sociales au lieu d’essayer de s’en débarrasser”. Il a signalé que “l’hétérogénéité religieuse au Liban est au cœur de sa création sociale. Sa démocratie apparaît dans l’aptitude de son système représentatif à refléter son hétérogénéité.”


Mr. Eddé a dit que “la démocratie est différente des démocraties des pays d’ouest, comme la France par exemple, basées sur la laïcité totale. Elle diffère aussi de celles présentes dans les systèmes politiques arabes puisque “la Constitution Libanaise ne précise pas une certain religion dans le pays.” Il a insisté sur le fait que “le Liban est hétérogène sur le plan religieux. Son expérience prouve que l’adoption du système de la majorité mène à la marginalisation des minorités religieuses. Ainsi il perd son caractère démocratique basé sur le droit d’être différent et sur le respect des autres tout en admettant sa différence.” De même, il a ajouté que “le système de la majorité n’est pas démocratique dans une société hétérogène.”


Eddé a déclaré que “nous ne devons pas référer les causes des évènements au Liban à cette formule; mais aux politiques qui comptent sur les pouvoirs étrangers. L’histoire du système depuis 1841 prouve que les chrétiens ont insisté sur le droit de la représentation de toutes les sectes alors qu’ils avaient le pouvoir d’imposer leurs points de vue puisqu’ils constituaient la majorité. Les faits actuels et les variations internationales et régionales turbulentes accentuent sur le fait que le support de la représentation sectaire est un besoin urgent et viable pour les libanais. Pour cela, il s’avère nécessaire de trouver une loi électorale qui garantit le vote des individus afin d’assurer une grande participation. La loi actuelle facilite la formation des listes d’influences et réduit le parlement à 4 ou 5 députés. Elle ouvre la voie à la corruption, empêche la démocratie et les fonctions du système et gêne les moyens de contrôle et de redevabilité. Elle nuit à la réputation du système libanais considéré comme un modèle démocratique délicat.”


Il s’est demandé “comment peut-on solliciter des libanais d’abandonner, consciemment ou inconsciemment, leur système social basé sur la diversité et la vie commune offrant alors à Israël la forte preuve qu’il est impossible pour un pays dans cette région de survivre à travers la diversité et non l’unilatéralisme?” Il a encouragé les parties à “chercher une révision critique continue des effets négatifs de cette pratique sur cette expérience unique.”

Eddé a ajouté “les pays de l’Ouest ont échoué à intégrer les émigrants au lieu de chercher une solution basée sur le droit d’être différent, accepter et respecter l’autre malgré sa différence. Ils vivent actuellement une croissance dans la tendance envers “l’islamophobie”. Ces pays n’ont pas d’autres choix que d’attribuer à ces groupes la représentation politique totale. Les pays et sociétés ont besoin de confronter ces nouveaux défis, du principe d’admettre le droit d’être différent et le respect de l’autre et l’accepter avec ses différences.”


Eddé a demandé aux politiciens “d’être sages et de ne pas sous-estimer l’expérience libanaise” insistant sur “l’adoption d’un système laïque, l’une des phases de suppression de la politique sectaire et le recours aux nombres et à la majorité dans une société non-homogène est en fait un moyen d’éradication de l’autre.”