Le centre d’Issam Farés pour le Liban a organisé une conférence dans son siège à Sin el Fil sur les horizons de la démocratie au monde Arabe après l’Egypte à laquelle ont participé l’ancien ministre et l’ancien chef du Parti des Phalanges Karim Pakradoni et le président du Centre de l’Orient pour les Etudes Régionales et Stratégiques au Caire, le docteur Moustafa Al Labad.
Après l’introduction du directeur du centre Abdallah Bou Habib et le principal consultant Raghid Al Solh, Pakaradoni a pris la parole, affirmant que le monde arabe est à l’aube de la démocratie et que la révolution Egyptienne a réussi mais elle n’a pas encore aboutit à sa conclusion. L’Egypte restera toujours au cœur de la tempête puisque les Etats Unis et Israël ne sont pas satisfaits des changements.
Il a considéré que le succès principal de la révolution Egyptienne et des révoltes dans le monde arabe est l’élimination du caractère éternel de la présidence et le transfert du pouvoir aux héritiers, qui ont été l’étincelle de la révolution Egyptienne. Il a noté 5 résultats accomplis par la révolte des jeunes Egyptiens. Le premier succès est que la révolte n’a pas de chef et n’a pas utilisé les armes. Elle a réussi à renverser une dictature habituée à la répression, grâce à des manifestations pacifiques, loin de la force et la violence. Le deuxième succès c’est que la révolution a démontré qu’aucun régime corrompu et abusif n’est immune quel que soit le degré de l’oppression utilisé et le soutien international qui lui est accordé.
De même, il a été évident que les Etats Unis abandonnent leurs amis rapidement pour protéger leurs intérêts. Le troisième succès est la propagation de la vague de protestations pour atteindre les autres pays arabes, malgré la situation spécifique dans chaque pays. Le quatrième succès c’est que la révolution Egyptienne a réveillé les peuples arabes et a brisé la peur face à tous les genres de répression et d’abus, pour demander le respect des droits de l’homme, la liberté, le multipartisme, l’égalité sociale et la reprise de la dignité nationale. Le cinquième et dernier succès concerne les changements dans les politiques étrangères de l’Egypte. Les effets de cette révolutions aboutiront à la levée du blocus de Gaza, l’ouverture du passage de Rafah et la revue des relations entre l’Egypte et les pays arabes, surtout la Syrie.
Il a espéré que le nouveau régime Egyptien reconsidèrera la politique envers le Liban, cette politique qui a subi une détérioration lors du régime du président déchu Hosni Moubarak, qui a favorisé les Sunnites ou plutôt travaillé pour les diviser. Le nouveau rôle Egyptien doit inclure tous les Libanais, avec le retour du rôle vital de l’Egypte au sein du monde Arabe.
Il a de même exprimé sa crainte d’un possible conflit entre les révolutionnaires et l’armée sur les reforme et l’administration de la période transitoire et a trouvé que l’appréhension concernant Frères Musulmans et leurs possibles tentatives d’infiltrer le nouveau régime pour l’Islamiser sont invraisemblables. Il a conclu en disant que le printemps arabe est encore plein de dangers et de changements et pour le soutenir il est nécessaire de maintenir la vigilance dans les rues Egyptiennes.
A son tour, Al Labad a considéré que le régime Egyptien a insulté le peuple et a minimalisé le rôle de l’Egypte dans la région. La révolution n’a pas eu lieu sous une même idéologie et une même vision de l’avenir. Il a signalé que le seul objectif réalisé est la chute du président qui tenait 73% des pouvoirs politiques en Egypte, cependant les structures du régime sont toujours en place et le Premier Ministre nommé par le président déchu gère le gouvernement transitoire et les anciennes institutions de l’état n’ont pas changé. Il a ajouté que l’amendement de la constitution ne sera pas suffisant sans garantir la liberté de former des partis politiques et organiser des élections transparentes.
Concernant le rôle des Frères Musulmans dans les prochaines étapes, il a mentionné que le régime de Moubarak justifiait son existence aux yeux de la communauté internationale par la lutte contre les Frères Musulman sur le front domestique et contre l’Iran sur la scène régionale. Pourtant ses politiques ont rendu les deux camps plus forts. Les Frères Musulmans constituent entre 15 et 20% de la société Egyptienne. Il a considéré que leurs chances d’accéder au pouvoir dans les 5 prochaines années sont impossibles. Ils participeront à travers des alliances qu’ils forgeront. Il a ajouté qu’après l’organisation de la situation à l’intérieur du pays, l’Egypte retrouvera son rôle régional, sans confrontation avec les Etats Unis et sans leur couvert. Il a déclaré que le Caire n’annulera pas les accords de Camp David actuellement, et l’Egypte ne constituera plus un point stratégique pour Israël.
Sur le rôle de l’Egypte au Liban, il a considéré que le soutien Egyptien à une certaine secte et un certain camp ne reflète pas les intérêts et l’histoire du pays, soulignant que ses relations au Liban ne peuvent pas être limitées à une secte alors que l’histoire Egyptienne contient plusieurs noms de toutes les sectes Libanaises, chrétiennes, sunnites et chiites. La relation avec les sunnites ne peut pas se limiter à une seule famille et un seul compte bancaire, suggérant que la politique Egyptienne envers le Liban sera plus équilibrée.
Concernant la relation avec la Syrie, il a affirmé que les leçons d’histoire et de géographie ont démontré que l’Egypte ne pourra pas jouer un rôle dans le Levant sans la Syrie, soulignant le possible retour de l’alliance stratégique entre les deux pays. Il a considéré que le retour de l’influence arabe sur la scène régionale nécessite la relance de l’accord Egyptien-Syrien-Saoudien alors que l’Egypte est le pays le plus capable d’éteindre le feu sectaire dans la région.
En répondant à une question sur la possibilité de la propagation des manifestations dans les pays du Golf, Al Labad a souligné qu’à l’exception de la division sectaire au Bahreïn qui peut se dégrader et introduire le conflit régional au sein du royaume, les pays du Golf essaient de calmer leurs populations avec une part des richesses abondantes par rapport au nombre des habitants, ce qui apaise la colère et empêche l’effet domino dans ces pays.