Hillary Rodham Clinton prononce son discours: 'uNous sommes peut-être aujourd’hui
à un tournant historique en ce qui concerne le Moyen -Orient'
S'adressant à Mme. Clinton, Issam Fares déclare: 'C’est pour moi un grand plaisir que
de partager cette tribune avec une personne dont les qualités sont exceptionnelles'
M. Fares et Mme Clinton lors de la Conférence de Tufts de l'année 2004
Le Vice président du conseil des ministres du Liban M. Issam Farés a demandé à l’administration américaine après la réélection du Président George W Bush de reconsidérer la situation du monde arabe. Il estime que le second mandat du Président Bush représente une nouvelle opportunité afin de repenser la région du Moyent-Orient et de lui donner la priorité qu’elle mérite. M. Farés a rappelé que les éléments de réussite dans la résolution du problème du Moyen-Orient résident dans l’initiative arabe adoptée par le Sommet arabe de Beyrouth présidé par son excellence le général Emile Lahoud en Mars 2002.
Le vice président du conseil des ministres s’exprimait à l’occasion de la série de conférences qui porte son nom à Tufts, l’université réputée de Boston. Cette université a accueilli cette année Mme Hillary Clinton sénatrice de New York et ancienne première dame à la maison blanche en la présence d’une audience de plus de 5000 personnes qui ont empli le grand auditorium de l’université.
Le président de l’université M. Laurence Bacow a débuté son discours par un mot élogieux à l’égard du vice-président du conseil saluant sa contribution et son appui aux activités intellectuelles et culturelles ainsi qu’aux colloques et séminaires et aux centres de recherches scientifiques et plus particulièrement l’université de Tufts et le centre “Issam Farés pour les études sur le Moyen-Orient”. M. Bacow a également insisté sur la participation active de M. Farés dans les séries de conférences en les transformant en un événement annuel et plus précisément sur son appui aux tables rondes auxquelles ont participé des diplomates traitant du problème du Moyen-Orient et qui ont eu pour thème “la relance d’un dialogue autour de la politique étrangère américaine après les élections présidentielles”.
La directrice du centre “Issam Farés pour les études du Moyen-Orient” Dr. Leila Fawaz s’est ensuite exprimée en expliquant les efforts déployés par le centre dans les diverses recherches scientifiques et ce avant de laisser la parole au vice Président du Conseil des ministres.
Allocution de S.E M. Issam Fares Honorable Sénatrice Hillary Clinton Monsieur le Président Lawrence Bacow Dr. Leila Fawaz Mesdames, Messieurs C’est pour moi un grand plaisir que de partager cette tribune avec une personne dont les qualités sont exceptionnelles, une personne courageuse et très dévouée à la cause publique, la sénatrice Hillary Clinton. Durant les années qu’elle a passé en tant que Première Dame à la Maison Blanche, elle a tracé son propre chemin et sert actuellement les Etats-Unis en tant que sénatrice de New York. Après avoir soutenu son mari, le président Bill Clinton, c’est lui qui est maintenant à ses côtés dans sa nouvelle carrière. L’Amérique a rarement vu un couple présidentiel aussi passionné et distingué que les Clinton. En regardant Dr Lawrence Bacow assis à mes côtés, je remercie le seigneur qu’il ait recouvré la santé et lui souhaite ainsi qu’à sa famille et à la prestigieuse université qu’il préside le meilleur. Dr Bacow est arrivé à Tufts porteur d’une vision; il voulait en faire un centre d’excellence, et étendre son influence sur la scène internationale. Il y est parvenu, et mérite pour cela notre respect et notre admiration. Je saisis cette occasion pour manifester ma gratitude au Dr. Leila Fawaz d’avoir fait de cette série de conférences l’un des grands forums du Moyen-Orient. Elle a dirigé des programmes, organisé des conférences et publié de nombreuses études en vue d’approfondir la compréhension entre les Etats-Unis et notre part du monde et plus particulièrement entre les Etats-Unis et le Liban. Dr. Fawaz contribue certainement à promouvoir l’université de Tufts sur le plan international. Où que j’aille, je rencontre des diplômés de Tufts qui occupent des postes importants. L’actuel ambassadeur des Etats-Unis au Liban Jeffrey Feltman en fait partie .Il est non seulement diplômé de Tufts, il est aussi l’ambassadeur de Tufts. Il est tout à fait naturel, une semaine après une campagne présidentielle très animée de féliciter le président Georges Bush pour sa réélection et de lui souhaiter plein succès pour ce second mandat .Ce second mandat serait une occasion nouvelle de reconsidérer le problème du Moyen-Orient et d’en faire sa priorité. Les quatre dernières années ont vu une dégradation des relations Arabo-américaines. Le problème palestinien s’est aggravé et est devenu incontrôlable. L’Irak constitue également un grave problème. Les liens qui furent un temps solides entre les Etats-Unis et certains pays arabes sont maintenant compromis. Il est de notre devoir au cours de ce forum de tirer la sonnette d’alarme, d’inciter à l’action et de proposer ce qui nous semble être le meilleur dans l’intérêt des Etats-Unis et du monde arabe. Nous voulons faire ce qui est juste et non ce qui est approprié. Le Moyen-Orient est une région très spéciale et ce pour 3 raisons: La première parce qu’elle constitue le berceau des trois religions monothéistes à savoir le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. La deuxième: c’est la seule région où deux guerres font rage en même temps et de manière incontrôlable. La troisième: c’est la plus grande réserve de pétrole du monde. Clairement comprises et sagement prises en main, ces trois questions devraient mener à des relations privilégiées entre les Etats-Unis et le monde arabe. Mais mal comprises et mal gérées ces questions mèneraient à une situation dangereuse et explosive à l’échelle planétaire. 1- Le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ont des points communs, la croyance en un seul Dieu, elles donnent à l’histoire un but moral et ont des principes éthiques semblables. Néanmoins, dans le cadre de la politique du Moyen-Orient ces trois religions ont emprunté des chemins différents et dangereux. Elles ont hélas été déviées par des extrémistes 2-Les guerres qui font rage au Moyen-Orient sont inséparables des dimensions religieuses. Rien au Moyen-Orient ne peut être compris en dehors du religieux; ceci est certainement vrai en ce qui concerne la Palestine et l’Irak. Dans les deux cas les passions religieuses ont jeté de l’huile sur le feu et ont donné naissance à «l’esprit suicidaire» semant la peur et la terreur dans la région et le monde. Au cours des débats présidentiels l’argument donné sur la manière de protéger les Etats-Unis du terrorisme se centrait seulement sur l’envoi de troupes. Cette attitude est bien compréhensible après les événements du 11 septembre mais elle est insuffisante et incomplète. Vous ne protégerez pas les Etats-Unis par l’envoi de troupes ni en laissant le fort opprimer le faible, mais vous les protégerez en appliquant les principes que les Etats-Unis eux-mêmes prônent comme étant les leurs. Après 50 ans de tergiversations et de va et vient, le problème du Moyen-Orient pourrait être résolu, le président Clinton y est presque arrivé à Camp David à la fin de son mandat. Notre intervenante le sait. Les conditions de réussite sont là afin d’être vues par toutes les parties. Ces conditions ont clairement été avancées à l’occasion du sommet arabe qui s’est tenu à Beyrouth sous la présidence du Général Emile Lahoud en mars 2002. Les Arabes ont opté pour une courageuse et stratégique décision; celle de normaliser les relations avec Israël en contrepartie de l’établissement d’un état palestinien indépendant, du retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 et du retour des réfugiés palestiniens en accord avec les résolutions des Nations Unies. La décision a été prise à l’unanimité mais a reçu une timide réponse de l’occident et un refus indirect de la part du Premier ministre Ariel Sharon. Quand à l’Irak, il n’y a pas d’autres choix que de remettre au peuple irakien le pouvoir, de renforcer ses institutions et de lui donner toute l’aide, dont il a besoin. Les Nations Unies, l’Europe et les Pays arabes doivent se joindre aux Etats-Unis dans leurs efforts de reconstruction. Les efforts doivent se faire aussi bien sur le plan politique et psychologique que sur le plan matériel. Le défi pour les irakiens sera d’unir leurs efforts et de se mettre d’accord sur les bases et les fondements qu’ils veulent pour l’Irak. Une fois qu’ils se seront aidés, l’aide extérieure suivra. 3-le pétrole, à l’instar du politique et du religieux représente aussi une situation conflictuelle entre les Arabes et les américains. Le pétrole est à la fois une bénédiction et une malédiction. C’est une bénédiction car il est source de revenus considérables. C’est une malédiction car il est source de convoitise, il pousse à l’ingérence, suscite les appétits, mène à la corruption et agrandit l’écart entre riches et pauvres. Plus le désespoir atteint les masses populaires, plus celles-ci se tournent vers la religion et surtout vers des dirigeants religieux très politisés. Le défi serait de canaliser les revenus pétroliers pour le bien du peuple. Les régimes arabes à eux seuls ne peuvent le faire, ils ont différents problèmes et préoccupations qui découlent des conflits régionaux. Seule une paix juste et globale ainsi qu’une nouvelle coalition entre les Etats-Unis et les états arabes peuvent faire la différence à cet égard. Dans les relations actuelles entre arabes et américains résident plusieurs différends tant sur le plan militaire que politique ou encore sur le plan socio-économique ou psychologique. Une nouvelle commission devrait être constituée afin d’étudier ce qui ne fonctionne pas entre américains et arabes et ce qui a besoin d’être fait afin de renverser la tendance. Ceci est prioritaire et devrait prendre le dessus sur la politique au quotidien jusqu’à ce qu’une meilleure compréhension des problèmes soit trouvée reconsolidant ainsi les relations entre arabes et américains. Le Liban s’engage à œuvrer pour le maintien de bonnes relations entre les Américains et les Arabes. C’est au Liban que revient la mission d’apaiser les conflits et d’ériger les ponts afin de réduire l’écart entre les Etats-Unis et le monde arabe. Je suis heureux de vous présenter ses réflexions en m’inspirant de l’esprit d’ouverture du Liban sur le monde et je suis reconnaissant à Tufts d’avoir organisé ce forum afin que les dirigeants du monde puissent partager leurs visions avec nous. C’est certes, un grand privilège que d’avoir la sénatrice Clinton à nos côtés pour donner son discours sur les problèmes du Moyen-Orient. Je la remercie pour sa participation et remercie tous ceux qui ont contribué à ce grand événement.
Discours de la Senatrice Hillary Clinton Je suis ravie d’être ici parmi vous et de participer à ces conférences qui sont devenues une tradition familiale. Comme vous l’avez déjà entendue mon mari était ici, il y a 2 ans et je suis honorée de lui succéder ainsi qu’à d’autres honorables orateurs. Je voudrais tout particulièrement vous remercier pour cette occasion qui m’est donnée de discuter brièvement avec vous des défis auxquels fait face la politique étrangère américaine au Moyen - Orient au lendemain des élections présidentielles. J’aurais souhaité parler de la vision du candidat Kerry à l'égard du Moyen-Orient mais les élections ne se sont pas déroulées comme nous le souhaitions et nous devons donc revoir avec la nouvelle administration ce qui a été réalisé et nous souhaitons qu’il y ait des changements dans les options et de nouveaux engagements pour les quatre années à venir. J’aimerais en tout premier lieu remercier le président Bacow et l’université pour leur ouverture sur l’international, pour l’éducation donnée aux étudiants y compris un nombre important d’étudiants étrangers et tout particulièrement pour leur volonté de poursuivre une oeuvre qui pourrait être controversée dans d’ autres campus,en prônant un dialogue honnête, et l’acquisition d’une expérience concernant les questions ardues auxquelles sont confrontées les peuples du Moyen -Orient ainsi que notre pays. Je voudrais aussi remercier le professeur Fawaz pour sa façon de gérer. Le poste que le professeur Fawaz occupe n’est pas un poste facile mais elle l’assume avec responsabilité et compétence.
J’aimerais remercier tout particulièrement son excellence, car sans l’aide de la famille Farès notamment celle de son excellence le vice-président du gouvernement du Liban cette conférence n’aurait pu avoir lieu ; son engagement vis-à-vis de Tufts est extraordinaire.
Peu de familles dans notre pays ont connu ce niveau d’engagement à l’égard d’une université américaine. Il est certain que l’engagement de votre famille vis-à-vis de Tufts lui a été bénéfique de diverses manières. J’apprécie tout particulièrement le fait que son excellence ait compris le besoin de créer un lieu où l’on puisse discuter de sujets importants tel le campus de cette université américaine qui regroupe non seulement des politiciens mais aussi des étudiants, des spécialistes des administrateurs et des décideurs .
Nous sommes peut-être aujourd’hui à un tournant historique en ce qui concerne le Moyen -Orient. Et comme à chaque moment qui a précédé, la relation entre les Américains et les gouvernements et peuples du Moyen orient, à leurs aspirations, ainsi qu’aux défis auxquels ils sont confrontés sera critique non seulement pour l’avenir du Moyen -Orient mais aussi pour celui des Américains. Nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de recherches pointues et de qualité, d’analyses aussi bien que d’esprits clairs et d’une pensée de stratège.
Il fut un temps pas si lointain où la politique complexe du Moyen- Orient était le domaine de prédilection des experts, diplomates, académiciens et analystes. De nos jours, la majorité des Américains et autres peuples ont vu que la situation au Moyen - Orient avait des répercussions profondes et directes sur la paix globale et la sécurité. Ce qui était considéré comme le berceau des trois religions monothéistes- judaïsme, christianisme et islam- est vu comme le détonateur des plus grands conflits de notre temps qui engendrent la terreur qui sévit de par le monde. Aucun de nous n’est simple spectateur des forces qui s’affrontent au Moyen-Orient. Nous sommes tous, que nous le voulions ou pas acteurs et nous sommes tous un jalon dans ces conflits qui font rage. En fait, les Etats-Unis de par leur position dans le monde sont plus qu’un jalon et ont une capacité plus grande d’aider à modeler un nouvel avenir.
Ce que nous devrions mieux comprendre et ce à quoi nous devons œuvrer est un consensus sur notre façon de penser les défis puis sur la manière d’agir dans le but de maximiser les intérêts des peuples de la région et ceux de notre pays. Je pense qu’il est juste de dire que nos destins sont inextricablement liés. Cependant au cours d’une courte conférence comme celle-ci, il n’existe aucun moyen d’englober tout ce que les experts ont abordé comme sujets pendant plusieurs jours. Certains ont pratiquement dévoué leur vie professionnelle à rechercher un sujet commun, à trouver des solutions, d’autres considèrent cette région comme étant la leur et y ont vécu avec les conséquences engendrées par les décisions prises pendant des années. Permettez-moi cependant de souligner certains principes généraux qui je le crois devraient régir la politique étrangère américaine au Moyen-Orient et qui je l’espère serviront d’exemple à la présente administration.
Je pense qu’il est impératif de reconnaître que peu importe qui est le président, en ce qui concerne la politique étrangère américaine, la sécurité et la liberté d’Israël seront toujours décisives et déterminantes dans le développement d’une quelconque approche américaine au Moyen-Orient. Ceci a été la priorité de la politique américaine pendant plus de 50 ans et il est impossible que le gouvernement américain ou le peuple américain dévie de cet engagement. En tant que président, Harry Truman a reconnu que cet engagement avait été forgé par les horreurs de l’holocauste mais qu’il a perduré grâce aux valeurs communes partagées par les Etats-Unis et Israël.
Deuxièmement, la démocratie et les droits de l’homme sont un rêve qui appartient à tous les peuples du Moyen- Orient. Quiconque souffre sous un régime tyrannique, quiconque a un avenir déformé par l’idéologie ou le fanatisme religieux, mérite notre aide et a besoin de notre conviction qu’il pourra bénéficier d’un avenir libre et prospère. Le président Bush et moi partageons le même point de vue concernant cette question, il n’ y a pas de barrières raciale, religieuse, culturelle et autre qui empêchent les peuples d’avoir le droit de rechercher et d’aspirer à la liberté. Il serait condescendant et erroné de suggérer que certains peuples ne sont pas prêts à être libres ou ne peuvent jouir de la démocratie.
C’est pourquoi, en tant qu’Américains, nous devons toujours être du côté de la démocratie et de la liberté. Nous ne l’avons pas toujours été. En vérité, nos relations avec la région ont souvent été guidées par notre volonté de soutenir l’oppresseur et non l’opprimé et de fermer les yeux sur les conséquences de l’autoritarisme. Comme l’a si bien signalé son excellence, l’inestimable richesse de la région grâce au pétrole est une bénédiction et une malédiction. Il est temps que le pétrole devienne plus une bénédiction et que les peuples de la région puissent bénéficier de la manne qu’il génère.
Troisièmement, les droits de la femme font partie des droits de l’homme qui furent l’essence même du discours que j’ai eu le privilège de prononcer à Bejing en tant que première dame, mais ce discours reste toujours vrai aujourd’hui à travers le monde, en particulier dans une région qui ne reconnaît pas jusqu’à présent l’entière participation de la femme. Lorsque mon mari s’est rendu en Arabie Saoudite au début de cette année, invité à donner une conférence devant un groupe d’hommes d’affaires, il a refusé d’intervenir si l’audience n’était pas formée d’hommes et de femmes ; c’est une position que j’encourage et appuie fermement. Les femmes furent donc invitées mais il y’eut une séparation et lorsque mon mari a énoncé l’importance pour l’Arabie Saoudite d’avoir des femmes bénéficiant de plus de droits il fut chaudement applaudi par elles.
Le fait qu’il ait pu dire ce qu’il a dit et le fait de le lire dans la presse locale le lendemain était un signe encourageant, cependant le fait qu’il ait eu besoin de le dire prouve qu’il y a encore beaucoup à faire. Lorsque nous regardons enfin la situation économico politico stratégique du Moyen -Orient, il est difficile d’imaginer le progrès qui peut être fait et soutenu s’il existe un manque de volonté et une résistance voulant écarter la moitié de la population de la construction de l’avenir des pays de la région. Il est souvent difficile pour moi de lire des études économiques concernant cette région.
Nous connaissons l’histoire de cette région, les contributions intellectuelles qu’elle a générées au cours des siècles et la réussite de certains individus qui relèvent de la légende, pourtant les facteurs pris en compte qui déterminent la croissance économique et la hausse de productivité sont loin de représenter le potentiel existant. Il existe plusieurs facteurs qui ont mené à cette situation et de nombreuses recherches faites dans cette région par des experts étrangers le montrent, mais la raison la plus importante est le refus de donner à la femme son entière participation au processus de développement. J’ai été l’une des premières voix américaines à m’élever contre le mauvais traitement infligé à la femme par le régime taliban en Afghanistan dans les années 1990 et peu de temps après il y a eu une femme qui s’est présentée aux élections présidentielles en Afghanistan, un événement remarquable surtout si l’on considère l’histoire de ce pays et son passé assez récent. L’on peut même ajouter que ceci place la femme afghane devant la femme américaine.
L’une des clés qui pourrait mener les peuples du Moyen- Orient vers la liberté, la démocratie, l’Etat de droit, le respect des droits de l’homme, serait de reconnaître que les femmes ont des capacités, ceci veut donc dire qu’il faut les éduquer jusqu’à ce qu’elles soient capables d’user de tout leur potentiel.
Actuellement, les problèmes de la région ne sont pas que d’ordre général et n’appellent pas seulement des actions internes à travers des changements de gouvernements, à travers des hommes d’affaires il faut reconnaître qu’il existe une grande opportunité en combinant de jeunes espoirs et les changements politiques afin de tracer une nouvelle destinée. A l’heure à laquelle nous parlons nous ignorons encore tout du sort de Yasser Arafat, mais il est clair que nous touchons à la fin de son ère. Ceci signifie que c’est une période de transition pour le peuple palestinien et nous espérons qu’elle se fera paisiblement. C’est aussi l’occasion de transférer le pouvoir à de nouveaux dirigeants, l’opportunité historique de changer la donne non seulement entre les Israéliens et les Palestiniens mais dans toute la région.
Comme nous l’a montré l’expérience des années 1990, Yasser Arafat n’a pu opérer la transition entre chef de guerre et leader national ; le gouvernement israélien a eu raison de tester ses intentions lors des accords d’Oslo, et le gouvernement américain a eu raison de l’appuyer. Nonobstant, en fin de compte, M. Arafat n’a pas voulu ou n’a pas été capable de franchir ce pas nécessaire à la conclusion d’un accord de paix.
Or les individus ne négocient pas avec des amis ou des alliés ; ils s’asseyent à une table de négociations que ce soit en Amérique centrale où le conflit a pris fin en 1980, en Irlande du Nord, ou n’importe où dans le monde avec des personnes avec lesquelles ils pensent n’avoir rien en commun sinon leur humanisme. Ils discutent avec des personnes qu’ils soupçonnent complices de violence, ayant engendré la mort de ceux qui leur sont proches ou chers. Il n’y eut pas d’autres accords cependant ceux d’Oslo ont, pendant 8 ans, fait régresser la violence, crée des stimulants pour encourager les investissements économiques dans les régions palestiniennes et maintenu des enfants palestiniens et israéliens vivants.
Arafat n’a pu mener son peuple vers un avenir plus prometteur, mais maintenant le peuple palestinien a une chance de le faire et de reconnaître à quel point l’Intifada a été meurtrière non seulement pour les Israéliens mais aussi pour lui, de montrer qu’il est capable de briser le cycle de violence, de renvoyer les terroristes chez eux et de faire cesser les attentats suicides et engager ainsi un dialogue prometteur avec Israël.
Du côté israélien, le Premier ministre Sharon, soutenu par la Knesset, poursuit le retrait de la Bande de Gaza. Nous devrions le soutenir dans ses efforts et aider les Palestiniens à prendre le contrôle de Gaza, à créer des institutions, à instaurer un Etat de droit et à planifier des élections afin de démontrer qu’ils sont prêts et qu’ils désirent prendre en main leur avenir. Afin que cela puisse avoir lieu, les Etats-Unis doivent s’y employer, nous nous sommes déjà soustraits à un engagement au début de l’administration Bush ; il est donc temps pour le Président de s’engager et le probable trépas de M Arafat est une occasion pour lui de le faire.
Nous avons appris dans les années 90 que lorsque les individus négocient, les résultats obtenus sont meilleurs. Je souhaiterais donc que notre Président et son administration fassent de la question israélo-palestinienne, la priorité de la politique étrangère américaine.
Nous avons beaucoup appris au cours des années 90, il est maintenant temps de construire un espace de négociation pour aboutir à une résolution concernant les questions demeurées en suspens et qui vont de pair avec la difficulté à résoudre l’épineux problème du conflit israélo-palestinien. Et il est clair qu’afin d’obtenir des négociations réussies, il faudrait que tous les pays voisins puissent être à la table des négociations.
Le rôle des Etats-Unis est rendu plus difficile par les événements qui se déroulent en Irak. Trouver une solution à ce pays, est le défi immédiat que doit relever notre nation, étant donné la tragique réalité à laquelle nous faisons face : Ces braves jeunes qui meurent ou qui sont grièvement blessés en accomplissant leur devoir. J’ai visité nos troupes en Afghanistan et en Irak l’an dernier, à l’hôpital Walter Reed à New York ; ce sont de jeunes américains exemplaires. Nous devons à ces jeunes gens et aux Irakiens de poursuivre une politique réussie.
J’ai critiqué l’approche suivie par l’administration américaine concernant l’Irak et je pense toujours qu’il est important d’apporter aide et soutien du monde entier en particulier de la région dans le but de réduire les risques pour notre armée et d’augmenter les chances de succès pour le peuple irakien.
Aujourd’hui, alors que nous sommes réunis, la bataille à Fallouja fait rage et il est certain que toutes nos pensées et prières sont dirigées vers nos soldats et les soldats irakiens. Nous espérons tous que cette bataille sera décisive et qu’elle convaincra les insurgés qu’ils n’ont aucun avenir et qu’ils doivent déposer les armes et se joindre au processus politique. Mais d’une certaine manière, je ne suis pas aussi convaincu que telle sera l’issue du conflit. Nous sommes là, dans un long tunnel, c’est pourquoi nous avons besoin de tout faire afin que des élections libres puissent se dérouler en janvier et qui mettraient en place un gouvernement légitime capable d’instaurer la stabilité. Il est essentiel de donner une nouvelle chance à l’Irak ; plusieurs de ceux qui ont soutenu le sénateur Kerry ont cru que sa victoire allait réussir à surmonter ce défi.
Si l’on regardait le bon côté des choses et si l’on encourageait le Président à rechercher un nouveau départ, nous pourrions, avec l’aide de nos alliés, réussir en Irak. Le Président a maintenant l’occasion de le faire et s’il s’en saisit de manière juste et ouverte, s’il respecte nos alliés, il aura uni démocrates et républicains, et aura obtenu l’appui du peuple et ce parce que nous savons que nous devons réussir en Irak.
Peu importe la manière dont nous sommes arrivés ni comment nous nous y sommes pris, mais nous ne pouvons nous permettre d’échouer. Aucune nation ne sera à l’abri si l’Irak sombre dans le chaos et s’il se transforme en « nid » de terroristes. Donc, ce qui est fait est fait, nous avons un second mandat présidentiel riche en potentiel politique, c’est pourquoi j’espère qu’il sera employé aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des Etats-Unis. L’administration américaine porte le même regard sur l’Iran que sur l’Irak : C’est un Etat qui entretient des liens avec les terroristes et qui produit des armes nucléaires. De nos jours, la menace des armes de destruction massive est réelle.
Un Iran armé « nucléairement » saperait les fondations de la sécurité dans le monde comme le ferait un tremblement de terre à l’échelle 7. Plus aucune région ne se sentirait en sécurité. Israël serait réellement menacé mais ne serait pas le seul. Connaissant les liens historiques qui lient l’Iran aux réseaux terroristes, nous devons tous, aux Etats-Unis aussi bien que nos amis dans la région et en Europe, nous sentir concernés par la capacité des Iraniens à produire des armes nucléaires à volonté. C’est pourquoi nous devrions soutenir plus activement le dialogue européen avec l’Iran. Il n’y a aucun substitut à un engagement actif quand les défis sont aussi élevés. Il nous reste, tout de même, à comprendre l’attitude de l’administration envers des régimes qui nous sont si différents tels celui de la Corée du Nord et l’Iran. Au cours de la guerre froide avec l’URSS, ils ont eu des dirigeants qui ont menacé de nous écraser, ils avaient des armes nucléaires dirigées contre toutes nos villes .
Il est temps maintenant pour cette administration d’engager activement un dialogue avec les Iraniens, nous avons besoin de leur montrer les graves conséquences qui rejailliraient sur eux s’ils poursuivaient leur politique de prolifération d’armes nucléaires. Il est clair que si les Iraniens s’engagent plus et que nous pouvons aboutir à une certaine entente concernant leurs besoins en énergie et s’ils renoncent à développer des armes nucléaires, il pourrait y avoir un avenir meilleur.
Nous devons être conscients du fait que les discussions ne doivent pas servir de couverture diplomatique aux Iraniens pour continuer à produire des armes nucléaires , il y a des revers et des réussites dans tout dialogue. Cependant, je ne vois aucune autre alternative à court terme hormis celle d’œuvrer étroitement avec nos alliés afin de persuader les Iraniens de modifier leur politique.
Dans une autre région où les Européens sont particulièrement influents, nous devrions encourager ceux-ci à inviter la Turquie à prendre part aux discussions concernant son adhésion à l’Union européenne. Dans notre pays, la Turquie n’est pas souvent citée et je pense que l’on devrait lui octroyer un rôle stratégique dans la région. La Turquie se bat contre l’extrémisme islamique et son avenir est lié au nôtre, le fait que la Turquie désire faire partie de l’Union européenne alors qu’elle est gouvernée par un parti musulman est un grand pas. Si la Turquie est rejetée, ceci pourrait être considéré comme une insulte par tous les musulmans et constituerait un mobile de plus aux extrémistes afin d’enrôler plus d’effectifs.
Je reconnais néanmoins que l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est un processus à long terme qui requiert une homogénéisation des règles économiques et des politiques d’immigration. Il est certain que ce n’est pas un droit mais ça ne devrait pas non plus être une porte close. Bien que les Etats-Unis n’aient pas de rôle direct dans cette décision, je souhaiterais cependant que les gouvernements européens et leurs peuples regardent cette adhésion de la Turquie comme une opportunité et non comme un problème.
Je souhaite aussi que notre pays coopère avec le peuple et le gouvernement turc afin de promouvoir la démocratie, la liberté de croyance et la tolérance afin que la Turquie devienne un exemple de ce qui peut être fait par la paix. Je voudrais aussi faire quelques commentaires concernant le Liban qui a fait d’énormes progrès ces dernières années, tout particulièrement sur le plan économique. L’an dernier, le FMI a loué les efforts réalisés par le Liban sur la réforme fiscale et la restructuration de la dette. Le Liban a aussi connu un renouveau de sa vie culturelle. Beyrouth a retrouvé son rôle phare, elle attire les touristes mais elle est toujours située au cœur d’une région où son destin est lié à celui de ses voisins.
Des frontières peuvent séparer les territoires du Moyen-Orient, mais leur avenir est inextricablement mêlé. Le Liban fait face à des enjeux liés aux solutions du conflit israélo-palestinien, à ce qui arrive en Irak, en Iran et en Turquie et bien entendu, le Liban sera profondément affecté si Israël et la Syrie se décidaient à résoudre leurs problèmes. C’est pourquoi nous lui souhaitons ainsi qu’à tous les peuples de la région un avenir sûr, démocratique, pluraliste, indépendant, libre et prospère.
Ceci est notre vœu le plus cher et ce devrait être l’objectif de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient. Avec l’aide d’institutions telles le Centre Farès, nous pouvons faire de ce rêve une réalité même si les Etats-Unis ne peuvent obtenir de résultat concernant l’épineux conflit qui touche le Moyen-Orient.
Nous ne pouvons ni ne devons nous détourner de ce défi, mais nous devons nous réengager et devenir la voix de la paix dans la résolution de ce problème et ce pour une sécurité à long terme et la prospérité de la région et de notre nation. C’est pourquoi j’espère que les Etats-Unis emploieront leur pouvoir et leur influence de façon sage au cours de ce tournant décisif. Les bénéfices pourraient être aussi immenses en cas de réussite que les pertes en cas d’échecs.
Nos élections ont été ces dernières années suivies partout dans le monde ; cependant, je me demande si tous les observateurs ont réellement pu suivre tous les débats et toutes les discussions. Nous avons trop longtemps parlé de la guerre du Vietnam, des spécificités du conflit irakien, mais nous n’avons pas assez parlé des défis à long terme auxquels nous faisons face et à ce que nous devons faire en tant que nation afin d’être moins dépendants des ressources énergétiques du Moyen-Orient.
J’aimerais, maintenant que les élections ont pris fin, pouvoir revenir à une discussion plus sérieuse et j’espère aussi que dans cette région ainsi que dans d’autres, l’administration sera guidée par la réalité et les évidences et non par l’idéologie et le clientélisme. Nous ne nous aiderons pas et nous ne viendrons pas en aide à la région si nous faisions abstraction de la réalité et tentions d’imposer ce qui nous convient.
Un second mandat est une merveilleuse opportunité ; je le sais après avoir observé celui de l’administration Clinton. Il est vrai qu’il existe un terme à chaque mandat mais qui pourrait être libérateur, et mon souhait en tant qu’américaine et ceci va bien au-delà des divergences Démocrates / Républicains, Etats rouges / Etats bleus, serait d’avoir une politique qui assumerait l’intérêt propre de notre nation et qui mènerait la région qui nous concerne vers l’espoir. Je pense que ceci est réalisable et qu’il est temps maintenant pour nous de réessayer. Un débat s’en est suivi entre les participants sur des questions internes, économiques et sociales aux Etats-Unis. Après la conférence, le président de Tufts M. Bacow et son épouse ont organisé un dîner en l’honneur de la sénatrice Clinton et du vice-président du conseil M. Issam Farés auquel ont participé des diplomates, des politiciens, des journalistes et des académiciens. Au cours du dîner, le président et les étudiants de l’université ont offert au vice-président du conseil un “présent honorifique” signé par tous les étudiants pour ses efforts et son appui aux activités intellectuelles et académiques de l’université