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Fares participe au Forum Economique Mondial – 2-3 février 2002
Le point de vue de Fares sur les moyens à même d'améliorer les relations arabo-américaines
Le point de vue de Fares sur le blanchiment d'argent
Le point de vue de Fares sur la protection des minorités de par le monde


Le Vice-Premier Ministre libanais Issam Fares a effectué une série de contacts avec les hauts responsables arabes et américains en marge de sa participation au congrès annuel du Forum Economique Mondial tenu à Waldorf Astoria à New York du 31 janvier au 4 février. Les derniers contacts ont été effectués avec l'ancien président américain Bill Clinton avec qui il a participé à un séminaire sur "la protection des minorités de par le monde", avec le Ministre qatariote des Affaires Etrangères Hamad Bin Jasem Bin Jabr al-Thani, le Secrétaire Général de la Ligue Arabe Amr Mussa et l'ancien sénateur américain George Mitchell.

Fares a participé à trois séminaires organisés par le Forum Economique Mondial: ‘Comment améliorer les relations arabo-américaines’, ‘La protection des minorités de par le monde’ et ‘La lutte contre le blanchiment d'argent’.


Fares assiste avec Clinton au Forum sur "la protection des minorités de par le monde"


Fares discute avec le Secrétaire Général de la Ligue Arabe de questions d'intérêt commun


Rencontre avec le Ministre qatariote des Affaires Etrangères Hamad Bin Jasem Bin Jabr al-Thani


S.E. M. Fares discute avec le sénateur Mitchell des derniers développements politiques
Le point de vue de Fares sur les moyens à même d'améliorer les relations arabo-américainess‘Permettez-moi tout d'abord de saluer le Forum Economique Mondial pour prendre l'initiative de tenir cette réunion à New York et m'inviter à prendre part dans ces procédures et prononcer un discours dans ses séances ad hoc.

Il est temps de discuter des relations arabo-américaines d'une manière ouverte et objective. Il va sans dire que ses relations ne sont pas au beau fixe et souffrent, en effet, de sérieux défauts. La situation s'aggrave de jour en jour. Il existe un conflit sérieux concernant le concept des relations lui-même et le niveau actuel d'interaction psychologique.

J'énumèrerai trois aspects du conflit tout en faisant la lumière sur un aspect d'une importance particulière:
1- Concernant le conflit israélo-arabe: les Arabes, en général, estiment que les EU soutiennent Israël plus que les Palestiniens.

2- Concernant les armes de destruction massive: les Arabes estiment que les EU ne voient aucun inconvénient à ce qu'Israël possède un arsenal nucléaire militaire, qui lui confère une supériorité par rapport aux pays arabes.

3- Concernant le pétrole: les Arabes estiment que les EU ne respectent pas les intérêts arabes comme il le fallait, en contrepartie de leur respect des intérêts américains concernant les prix et la production de pétrole.

C'est le sentiment qu'éprouvent les Arabes, à juste titre. Cette situation a besoin d'être corrigée. Ce forum est l'endroit le plus adéquat pour exposer les problèmes et leur trouver des solutions convenables. Il est de mon devoir de faire la lumière sur les problèmes susmentionnés d'une perspective arabe, afin d'être à même d'adopter une attitude, aidant ainsi à réaliser la paix au Moyen-Orient.

Nous sommes bien conscients qu'il est quasiment impossible d'aboutir à un accord aujourd'hui. Toutefois, nous ne pouvons pas baisser les bras, parce que nous n'avons d'autre alternative que la paix.

Concernant le conflit israélo-arabe, les Arabes estiment que les EU tentent toujours d'appliquer les résolutions des NU relatives au conflit international, tout en adoptant une attitude différente lorsqu'il s'agit des conflits au Moyen-Orient. Les exemples suivants donnent des preuves suffisantes à cet égard:
1- La Résolution 242 ratifiée par les NU au lendemain de la guerre israélo-arabe de 1967 appelle au retrait des forces israéliennes des territoires occupés durant cette période. Israël, toutefois, occupe toujours une grande partie de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie en Palestine, le Plateau du Golan en Syrie, ainsi que Jérusalem de l'Est et une partie des Fermes de Chebaa au Liban.

2- La Résolution 338, ratifiée par les NU au lendemain de la guerre israélo-arabe en 1973, appelle à une application immédiate et complète de la résolution 242 des NU, non à des “négociations” comme c'est le cas aujourd'hui.

3- La résolution des NU de 1947 divisant la Palestine met Jérusalem sous mandat onusien en raison de son caractère sacré pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans. Toutefois, il n'est pas clair que les NU veulent remettre les choses en ordre. En outre, nous ne remarquons aucun effort sérieux afin d'empêcher Israël d'annexer Jérusalem à l'Etat juif comme capitale éternelle.

4- La quatrième Convention de Genève empêche les forces de l'occupation d'installer leur population dans les territoires occupés. En dépit de cela, Israël a construit environ 200 colonies dans la Bande de Gaza, la Cisjordanie et le Plateau du Golan. Plus de 300 000 Israéliens vivent dans ces colonies.

5- La résolution 194 des NU reconnaît aux réfugiés palestiniens le droit de retourner à leur terre natale et de recevoir des indemnités. Toutefois, cette décision n'a jamais attiré l'attention qu'elle mérite.

Il s'agit des principaux aspects du conflit. Les négociations à Madrid, à Oslo, au Camp David et à la Maison Blanche ont réalisé une percée, mais il existe toujours une grande différence entre ce que les EU offrent et ce qu'Israël offre, d'une part, et ce à quoi les Arabes s'attendent, d'autre part, leurs attentes étant basées sur les résolutions des NU.

Nous nous attendons à ce que les Etats-Unis continuent à jouer un rôle essentiel dans les négociations de paix. Toutefois, nous sommes convaincus que les efforts américains peuvent générer des résultats encore plus fructueux si l'UE et la Russie intervenaient davantage. Il nous incombe de faire tout notre possible pour instaurer une paix juste et globale dans la région, malgré les actions dissuasives prises par les extrémistes et les fondamentalistes des deux camps. A cette fin, nous devons avoir confiance en notre objectif pour la paix et devons être déterminés à le réaliser. Le point de vue de Fares concernant le blanchiment d'argent ‘Les événements tragiques du 11 septembre ont fait la lumière sur les activités de blanchiment d'argent et sur leur contribution au financement du terrorisme. Ainsi, une plus grande pression a été exercée sur les autorités nationales afin de renforcer les lois et les réglementations en place afin de lutter contre ce phénomène. Les activités de blanchiment d'argent dans un pays sont sans aucun doute utilisées pour soutenir les crimes ailleurs. Le développement phénoménal des télécommunications durant les dernières décennies a également facilité les activités bien dissimulées de blanchiment d'argent.

La politique du secret bancaire au Liban qui remonte à 1956 permet de lever ledit secret en cas de doute de blanchiment d'argent. Toutefois, il est urgemment nécessaire de mieux consolider cette loi afin d'aller de pair avec le développement des télécommunications et de la technologie dans le secteur financier. Par conséquent, le Liban a examiné de près les réglementations qu'il a adoptées à cet égard afin de lutter contre le blanchiment d'argent en coopération avec le Groupe d'Action Financière. En ma qualité de Vice-Premier Ministre, j'étais à la tête d'une commission ministérielle qui a préparé des réglementations et des décrets-lois en un court lapse de temps, visant à lutter contre le blanchiment d'argent. En avril 2001, le Parlement libanais a ratifié les décrets-lois susmentionnés’.

Le Vice-Premier Ministre a ajouté que la nouvelle loi permettait aux autorités légitimes de lever le secret bancaire au cas où une personne serait soupçonnée de blanchiment d'argent, d'attaques terroristes, de production ou de trafic de drogues, de crimes organisés, de trafic d'armes illégal, de détournement de fonds publics ou privés par la fraude et de falsification de billets ou de documents officiels.

En formant un comité d'inspection privé qui mène des enquêtes et rend des jugements, la loi a consolidé l'indépendance du système judiciaire. Les autorités compétentes et le Comité bancaire supérieur sont les seuls organes à même de prendre une décision concernant le maintien ou la levée du secret bancaire. La décision prise est définitive et irrévocable.

Il est vrai que la nouvelle loi maintient le secret bancaire traditionnel au Liban – un facteur important pour la promotion de l'économie du pays. Elle s'inscrit également dans le cadre des réglementations du Groupe d'Action Financière en matière de lutte contre le blanchiment d'argent. Je souhaite aussi attirer votre attention sur le fait que le Groupe d'Action Financière a mentionné, dans son rapport annuel, en juin 2001, que le Liban a déployé des efforts ardus en faveur de la lutte contre le blanchiment d'argent et a réussi à remédier aux vices dont il souffrait dans ce domaine-là.

La Banque du Liban est la principale institution en charge de l'application de la nouvelle loi après sa promulgation. La Commission de Contrôle privée a été mise en place. La Banque du Liban a, pour sa part, émis des mémorandums fournissant des informations détaillées concernant les étapes à suivre pour lutter contre le blanchiment d'argent, d'une manière directe et indirecte, sur les plans bancaire et financier.

M. le Président, le Liban a souffert pendant longtemps du terrorisme, de la guerre et du crime, générant le blanchiment d'argent. Le Liban est aujourd'hui prêt à coopérer avec la Communauté Internationale afin de lutter contre ce phénomène et prendre les mesures et les procédures nécessaires afin de détecter et de poursuivre les opérations de blanchiment d'argent. Je vous remercie M. le Président. Le point de vue de Fares concernant la protection des minorités de par le monde ‘A travers l'Histoire, les minorités ont toujours assumé le fardeau de tout genre de discrimination, dont certains sont toujours en place dans ce “village mondial” du 21ème siècle. La discrimination est souvent basée sur la religion, la langue, et les valeurs ethniques et sociétales. Prenons par exemple mon pays, le Liban, pour voir si nous pouvons tirer une leçon de notre propre expérience.

Dans leur majorité, les Libanais sont des Arabes, qui parlent l'arabe, avec quelques exceptions bien sûr. La plupart d'entre eux sont des Chrétiens ou des Musulmans, essentiellement. De nombreuses confessions émergent de ces deux religions: un Chrétien peut être Maronite, Orthodoxe ou Grec Catholique, etc.; un Musulman peut être Sunnite, Chiite, Druze ou Alaouite. La loi libanaise reconnaît ces confessions, chacune ayant sa propre position dans la formule politique. Le Consensus National de 1943 et l'Accord de Taif de 1989 distribuent d'une manière égale les positions gouvernementales entre ces différentes communautés religieuses.

Le nombre de Musulmans et de Chrétiens a changé alors que la formule politique demeure la même. Aucun groupe n'a été classifié comme une minorité ou une majorité au Liban parce que la loi définit et protège les droits de chaque communauté religieuse. Ainsi, les minorité se sentiront et agiront comme s'ils étaient une majorité. Nous parlons du Liban comme étant un pays de minorités; ce n'est certainement pas à un pays où la majorité règne alors que la minorité demeure hors du système politique.

Quels que soient leurs nombres, l'égalité est maintenue entre les Chrétiens et les Musulmans, que ce soit au sein du gouvernement, au Parlement ou dans les administrations publiques. Ainsi, notre propre expérience montre que les droits de minorités peuvent être mieux protégés quand:
1-Les minorités sont représentées au gouvernement.

2-Les décisions gouvernementales sont prises à l'unanimité.

3-Le régime politique est démocratique et pluriel.

4-La culture est ouverte à l'autre, prête à le comprendre, à l'accepter et à lui préserver ses intérêts.

5-Les organisations sont libres et actives dans la protection des droits des différents communautés.

6-Le système des partis est pluriel, prospère et capable de répondre à des besoins sociaux, politiques et économiques.

7-Un régime politique et économique libre est créé, garantissant des opportunités égales à tous.

8-La liberté du culte et des rites religieux est autorisée.

J'estime que toutes ces conditions sont respectées au Liban. Nous les avons protégées même durant les heures les plus sombres de la guerre qui a emporté notre pays pendant deux décennies. Le succès ou l'échec de ce régime politique et des droits des minorités en son sein ne peut pas se mesurer à la lumière de cette guerre qui était essentiellement une guerre régionale et internationale.

La survie de ce régime politique à la fin de la guerre en1990 a montré que le régime pluriel au Liban basé sur le respect des droits des minorités est un bon exemple à suivre.