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Valery Giscard D’Estaing: ‘La Contribution de l'Union Européenne à la Paix et au Développement au Moyen Orient’

Extraits de l’allocution de M. Fares :

En tant que figure de proue dans le développement de l’Union Économique Européenne et membre actif de son parlement, le Président Giscard d’Estaing a travaillé sans répit à unifier et fortifier l’économie européenne. Il est persuadé que la France, de par son expérience ininterrompue durant des siècles du processus de gouvernement démocratique, peut jouer un rôle prépondérant dans le façonnement d’un avenir unifié, prospère et démocratique pour l’Europe.

En tant qu’homme du Moyen-Orient et surtout en tant que Libanais, je suis convaincu que notre orateur respecté est le seul apte à pouvoir parler de nos soucis actuels. Ce qu’il a réussi à accomplir pour la France et l’Europe est exactement ce que nous désirons accomplir pour le Liban et le Moyen-Orient. Il a travaillé d’arrache-pied pour rétablir le civisme et l’équilibre dans la politique française. Nous cherchons à rétablir le civisme et l’honneur dans la politique libanaise suite à notre longue et horrible guerre civile. Aujourd’hui, M. le Président Giscard d’Estaing travaille avec assiduité à la construction d’une Europe où règne l’harmonie et l’intégrité. C’est exactement ce qui nous manque malheureusement au Moyen-Orient : l’harmonie et l’intégration. Nous nous tournons vers vous, M. le Président pour bénéficier de vos conseils.

La France a joué un rôle unique et central dans le développement de notre pays, dans la création de l’état moderne libanais. Nous apprécions et reconnaissons le souci historique de la France pour notre bien-être national et nous avons des affinités particulières avec votre pays. Je ne doute pas que la France, sous la présidence de M. Chirac continuera, voire même renforcera cette relation historique, fructueuse et spéciale.

Nous voulons remettre le Liban sur pied. Nous voulons participer à la construction d’un Moyen-Orient neuf, dans lequel le Liban vivra en paix et stabilité avec ses voisins. Le Liban a traversé des moments très difficiles durant les deux dernières décennies de guerre. Aujourd’hui, grâce à la détermination de notre peuple, nous sommes sur le chemin d’un consensus dans nos institutions démocratiques et dans notre vision du Liban en tant que nation. En tenant compte de l’étendue de la destruction que nous avons connue, je suis surpris de ce que nous avons atteint en un temps record. Il reste cependant encore beaucoup à faire.

En interne, nous avons avancé à pas de géant pour remettre notre maison en ordre. Mais qu’en est-il de l’extérieur? C’est là que notre rôle est relativement limité. Nous ne sommes après tout, qu’un petit pays. C’est pourquoi nous nous tournons vers les États-Unis et l’Europe pour leur demander de jouer leur rôle pour atteindre cette paix régionale juste, globale et durable à laquelle nous aspirons – une paix inébranlable qui assurera l’avenir du Liban, mais aussi l’avenir et chaque pays du Moyen-Orient. J’applaudis l’engagement prioritaire des États-Unis et leurs efforts pour atteindre ce but.

La paix ne sera pas instaurée tant que les négociations israélo-syriennes n’auront abouti à une solution. À cause de nos liens étroits et particuliers avec la Syrie, nous nous sentons très concernés par le progrès de ces négociations.

Si l’on assurait au Moyen-Orient un avenir paisible, la région avancerait fermement vers le libéralisme et la démocratisation. De nouvelles routes commerciales seraient tracées, de nouveaux genres d’échanges sociaux et culturels apparaîtraient. Le Liban a toujours été le symbole de la liberté d’entreprise, du libéralisme, de la démocratie et du dialogue ouvert entre les différences religieuses et ethniques. Si le nouveau Moyen-Orient venait à incarner ces valeurs – et je croix qu’il les incarnera – alors le Liban est désigné à jouer un rôle prépondérant dans l’avenir. Nous entrerons alors dans l’ère de paix, en tant que partenaire actif. Nous y entrerons confiants, avec la vision d’un peuple conditionné par l’histoire et la géographie à penser régionalement et internationalement.

Le Liban a toujours été unique dans la région, représentant une «zone franche» pour l’expression artistique et intellectuelle. Nos universités ont fixé les niveaux des performances académiques. A nouveau, le Liban deviendra le centre actif de la vie culturelle au Moyen-Orient.Résumé du discours de M. Giscard D’Estaing:




Dans son discours intitulé «La contribution de l’Union Européenne à la paix et au développement au Moyen-Orient», le Président Giscard d’Estaing a souhaité voir l’Europe jouer un rôle plus important dans le processus de paix et a exprimé l’intérêt profond que porte la France de voir le Liban rétablir sa souveraineté et son indépendance.


Le Président d’Estaing a remercié l’Université Tufts de l’avoir invité et a loué M. Fares pour l’encouragement et le soutient continu qu’il apporte aux activités de l’université dans la promotion de l’entente entre les cultures. Il a ensuite parlé de la relation particulière – voire de l’affection particulière – qui existait entre le Liban et la France. La France n’a épargné aucun effort, a t’il dit, pour aider le Liban à surmonter les conséquences destructrices que la guerre a eues sur ses infrastructures et les installations culturelles et elle continuera à soutenir le Liban en tant qu’état indépendant et souverain, autonome dans ses positions et décisions à l’égard de son rôle dans la région et dans le monde.

La France et la Communauté Européenne considèrent que le Liban devrait être invité à jouer un rôle entier dans les négociations pour la paix au Moyen-Orient, dans le but de s’assurer qu’il obtiendra sa souveraineté et son indépendance complète et qu’il sera libéré de toute présence militaire étrangère. D’Estaing a exhorté les Américains, en particulier ceux d’origine libanaise qui occupent des postes importants aux États-Unis, à entreprendre tous les contacts nécessaires avec l’administration américaine pour s’assurer que le Liban ne sera pas démis de ses droits à la souveraineté et à la libre décision.

L’ex-président a déclaré qu’une paix juste et productive au Moyen-Orient doit nécessairement mener à un processus complètement démocratique dans la vie nationale de chaque pays concerné, y compris la promotion des droits de la femme. Il a aussi déclaré être favorable à une implication économique plus importante de la France et de la CEE au Moyen-Orient, dans le but d’aider à construire une économie solide dans la région ainsi que de fournir de l’aide à travers les projets de développement liés à l’exploitation des ressources naturelles, en particulier de l’eau. L’Europe est prête à assumer son rôle dans ce domaine, tout comme elle l’a fait en coopération avec le Japon dans son financement de projets dans la bande de Gaza.

Le Président d’Estaing a déclaré qu’il préférait voir la Communauté Européenne positionner son approche de la paix au Moyen-Orient en accord avec les accords de Madrid qui impliquaient la participation des États-Unis et de la Russie, plutôt que de voir l’Amérique monopoliser ce rôle et réduire la présence russe.

Il a défendu le rôle de l’Europe dans le processus de paix ainsi que de l’après paix sur un plan économique et de développement, sur la base de réalités géographiques et économiques, le Moyen-Orient étant une région située en Méditerranée et en tant que telle, formant une extension naturelle de la communauté européenne, particulièrement de pays comme la France, l’Italie et l’Espagne.

Le Président d’Estaing a accordé beaucoup d’importance au dernier congrès de Barcelone, parce qu’il a porté sur la coordination économique européenne et sur la coopération entre les états membres de la CEE et les pays industrialisés d’une part et les pays de la Méditerranée d’autre part.

Enfin, l’ex- président français a souligné la nécessité pour la communauté internationale de poursuivre le processus de paix pour que la région redevienne de nouveau une oasis de paix, sécurité, stabilité et prospérité économique et sociale émanant du développement de ses ressources humaines et naturelles. Il a cependant attiré l’attention sur le fait que ce processus devait être accompagné par l’instauration de normes démocratiques basées sur la protection totale des droits de l’homme, y compris en particulier le respect des droits de la femme.



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